Matthieu Etienvre au Triathlon Ironman d'Embrun le 15 Août 2018

On m'avait prévenu que cette course se jouait au mental, on ne m'avait pas menti... J'étais donc engagé sur le mythique Embrunman avec mes 3 compères TC Valiens : David Tencé, Damien Lanée et Mickael Royer. C’est à 3h du matin que la journée a commencé : digestibilité oblige ! Il ne faudrait pas avoir l'estomac encore plein pour le départ de la natation. Nous nous sommes donnés rendez vous à 5h au parc à vélos. L'ambiance est plutôt calme, chacun est appliqué dans la préparation de ses affaires pour les transitions. Puis, nous nous dirigeons vers le sas de départ !

Le coup de pétard est donné à 6h00, nous sommes plus de 1200 participants à nous élancer dans l'obscurité. C’est parti pour 3800m de natation dans le noir avec pour seul point de mire pour se guider, une lanterne rouge accrochée sur un bateau ouvreur. Le lac de Serre Ponçon dans lequel nous nageons est calme, l'eau est à 20.5 degrés. Nous faisons 2 boucles, mais suite à une erreur d'aiguillage d'un des kayaks nous effectuons presque 4000m. Je sors de l'eau en 1h04 à la 170ème place. La transition est rapide. Je me retrouve au départ des 188 km de vélo avec Damien et David ! Mais c’est rapidement que nos chemins vont se séparer car nos allures sont différentes.

Nous attaquons par 10km de montée avec déjà, la sensation qu'il va falloir bien gérer, car le dénivelé cumulé va entamer le système musculaire et le moral rapidement. D'autant que mes douleurs digestives augmentent au fil des minutes... Je sens que la journée va être difficile et je me dis à ce moment que j'ai encore 6h de vélo pour que ça passe, sans ça je n'arriverai pas à courir le Marathon. La quarantaine de kilomètres dans la vallée est roulante, mais il ne faut pas trop mettre de braquet car l'Izoard approche... Sa montée commence par le passage dans les gorges du Guil : un faux plat montant d’une quinzaine de bornes. Puis le col... Je suis collé à la route dès la première rampe. Au moment où je me mets en danseuse, les crampes dans les cuisses débutent : le calvaire !! Il me reste encore 14 km de montée, cela va être compliqué si je ne peux pas me mettre debout... Pause pipi oblige, j'en profite pour m'étirer et m'arroser les gambettes. À Arvieux la pente augmente encore, je regarde mon compteur 8.9km/h, ça pique. Il fait chaud, mais si je réussi à atteindre le sommet, j'aurai 40 kilomètres de descente pour récupérer (enfin c’est ce que je pensais), les derniers lacets sont encore plus difficiles, en gros plus on monte plus la pente s'incline, plus l'air se fait rare et plus la fatigue s'accumule !
Arrivée en haut du col c’est le bonheur, on est à la moitié du vélo ! Pas le temps de regarder le paysage car il va falloir que je récupère du temps perdu pendant la montée lors de la descente ! Un petit mot à ma team de supporter familiale, arrivée en même temps que moi au sommet et me voilà dans les lacets lancé à 70km/h en mode pilotage et récupération... Lors du retour des bosses, les douleurs digestives sont toujours présentes. C'est en montant la côte de Pallon qu’une personne faisant un barbecue dans son jardin me propose un sandwich saucisse ?? Après tout, perdu pour perdu j'attrape le sandwich à la volée et là pour qui, pour quoi ? Au bout de 10min mes maux de ventre s'estompent jusqu à disparaître ! Le moral revient, donc il reste 20 km avant de poser ma monture mais la cote de 4km de Chalvet fait vraiment mal aux guiboles, je m'accroche tant bien que mal en essayant de tourner les jambes au maximum pour me préparer au marathon qui m'attend... Puis la délivrance surtout pour les fesses, car après 7h31 de vélo, je vous assure qu'on est heureux de se remettre debout... Je suis alors à la 211ème place.

La course à pied se compose de 3 boucles de 14km avec une grosse patate d'1.5km à faire donc 3 fois... Je ne regarde plus ma montre, je fais à la sensation, les kilomètres s'enchaînent. Plus les minutes s'égrainent plus les jambes se durcissent ! Ça se joue au mental... à chaque ravitaillement c'est épongeage, eau/coca, car plus rien ne passe en solide !!! Les derniers mètres, je sens qu'il m'en reste sous les pieds pour finir fort et puis avec les encouragements de toute la famille, amis... l'émotion arrive !! Je savoure ces derniers mètres qui sont une délivrance après toute cette préparation et passe la finish line du mythique Embrunman avec une immense joie en 12h43min et 08 secondes. Grosse remontée à pieds, puisque je finis au général 110ème !!/p>

Un grand bravo à ma chérie qui m'a supporté durant cette préparation et qui tout au long de cette journée m'a suivi sur le parcours avec mes 3 loulous ! Merci à toute ma famille et mes amis qui sont venus en nombre faire le déplacement pour m'encourager ! Vos cris m'ont tellement apporté, je pense que la route aurait été encore plus compliquée sans vous !! MERCI pour cette journée d'immense bonheur ! Clin d'œil à mon ami Alan Morel pour la course à pied.
Bravo à Damien qui fait une perf de malade et à David et Micka qui ont fini au mental !!! Je leur laisse le soin de vous raconter leur journée.