Ironman d'Embrun le 15 Aout 2008 par 4 TC Valiens

Pour le commun des mortels, le 15 août, c’est le jour de l’assomption, une fête religieuse dont tout le monde à oublié le sens, mais qui donne un jour de repos supplémentaire et c’est cela le plus important.
Pour un triathlète, le 15 août, c’est la date de «l’Embrunman ». Une épreuve longue distance (format Ironman) qui est, et restera mythique à plusieurs titres :
- C’est une épreuve qui se déroule en montagne avec des dénivelés importants sur les parties cycliste et pédestre.
- C’est donc une épreuve exigeante et méfiance à celui qui ne l’aborde pas avec humilité.
- C’est une épreuve organisée par une association qui souhaite rester indépendante vis-à-vis des promoteurs type « IRONMAN » ou autre.
- C’est une épreuve qui réuni des athlètes qui viennent relever un défi, se prouver quelque chose ou tout simplement apprendre à mieux se connaitre.
- Peu de professionnels s’alignent au départ car l’épreuve est exigeante et peu rémunératrice.
- Enfin, à Embrun il y a une ambiance indescriptible que seuls les puristes peuvent apprécié (ce serait trop long à expliquer).
Cette année, 4 triathlètes du TC VAL avaient décidé de relever le defi :
- Yann Ledorze 1er participation
- Anthony Azé 1er participation
- Mickaël Royer 4e participation
- Et moi-même pour la seconde fois
Je me penche quelques minutes sur le clavier pour compléter le résumé que Micka à déjà envoyé et vous faire part de ce que j’ai vécu dans cette course de folie.
Cette journée du 15 août commence en fait le 14 août par le dépôt des vélos.
Vers 17h nous nous rendons tous les 4 vers le parc pour accrocher nos vélos la tête en bas aux bonnes vieilles barrières métalliques galvanisées type « mai 68 ».
Le David étant maniaque il avait prévu les mousses pour protéger la monture.
Ensuite nous nous dirigeons vers le traditionnel briefing où je me rends avec Yann et Antho (Micka étant déjà occupé à réserver le restaurant où il pourrait se faire péter la lampe le lendemain de la course) et pour le 25e anniversaire, l’organisation avait mis les petits plats dans les grands avec l’installation d’un écran géant pour schématiser les propos de G.Iacono (président) et des arbitres. Cette formalité accomplie, nous retournons vers le plan d’eau pour retrouver nos petites femmes qui font bronzette et nos enfants qui pataugent généreusement.
Vers 19h30 chacun retourne vers sa base afin de diner copieusement et se reposer avant le D-Day.
Vendredi matin 4h00, ma montre me sort de mon sommeil en me chantant une mélodie de bip-bip. Mes yeux sont encore collés car je ne me suis débarrassé des démons de Nice que vers 2h du matin. Malgré tout, je gicle rapidement du lit pour aller prendre mon petit déjeuner.
En regardant par la fenêtre, je constate que la météo n’a pas l’air au beau fixe et cela se confirmera quelques minutes plus tard lorsqu’un orage venu d’un autre monde nous tombe sur la tête.
Nous décidons alors de mettre nos combis de natation et de nous rendre au dernier moment dans le parc à vélo.
Vers 5h30 nous arrivons dans le parc à vélo… il y a de grosses flaques d’eau partout mais la pluie à cessée.
Le speaker boost les derniers arrivés afin qu’ils se dirigent vers la plage ou sera donné le départ quelques minutes plus tard.
Une fois les préparatifs terminés nous nous encourageons mutuellement et nous dirigeons vers l’arche de départ.
Le speaker essaye de réchauffer les triathlètes et le public en les faisant frapper dans leurs mains et à 6h00 alors qu’il fait encore nuit, le starter retenti pour libérer les 1100 concurrents.
La natation se déroule sans encombre pour les 4 « TC Valiens », pas de passage de bouées avec 2 gars en dessous de moi et 3 au dessus. Il faut dire que nous avions fait quelques séances d’entrainements pour reconnaitre le site et qu’en ce qui me concerne, la natation est la discipline ou j’ai réalisé le plus de progrès cet hiver. Avant je nageais comme une clé à molette et maintenant je nage comme une clé à molette en carbone (elle n’est pas de moi mais d’Antho).
Bilan après 3800 m : Antho : 57 mn 01s
Yann : 59 mn 35s
David : 1h 00 mn 09s
Micka : 1h 13 mn 45 s
En arrivant dans le parc à vélo, je retrouve Antho qui est prêt à partir et Yann qui est en cours de préparation.
Je fais une transition correct, mais après être sortie du parc, je me rends compte que j’ai oublié mon coupe-vent – Je fais donc demi-tour (à pied car les arbitres m’interdisent de rouler en contre sens) pour retourner chercher le précieux vêtement sans lequel j’aurais sans doute dû abandonner.
De retour sur le vélo, je me retrouve avec Yann et nous abordons le départ de la course prudemment. Au cours des 1er kms, je fini de m’équiper en mettant mes manchettes, mes gants, j’en profite également pour m’alimenter.
Après environ 10 kms, je trouve mon rythme de croisière et commence à remonter quelques concurrents dont Antho qui me cri au passage : « N’oublie pas le prophète » !! Pas de problème car j’avais téléchargé la fameuse phrase sur mon disque dur et paramétré mes neurones afin qu’ils me rappellent à l’ordre régulièrement.
A ce moment de la course la météo est assez clémente voir idéale pour pédaler et je me motive en me disant que cette longue balade va être agréable.
La première boucle de ce parcours de 188 kms est appelée la chaine des puys (en rapport au nom des villages traversés : Puy Sanière et Puy St Euzèbe). La route est technique et assez vallonnée, un vrai plaisir pour un cycliste en forme. Lors de la dernière descente de cette boucle (après Prunières), une spectatrice me fait signe de ralentir avant un virage. Au 1er abord, je pensais qu’elle m’indiquait que le virage était dangereux, mais en fait, il s’agissait d’une moto de photographe qui était tombée. Les 2 mecs étaient debout et l’un d’eux (le photographe) ramassait ses objectifs (pas cool).

Au retour sur Embrun le fan club TC VAL attendait ses triathlètes et les enfants tendaient les mains pour recevoir une petite tape au passage.
La seconde boucle du parcours vélo se déroule sans encombre jusqu’à la « case déserte » (lieu-dit situé à environ 2 kms du sommet de l’Izoard).
La température chute brutalement et les premières gouttes d’eau se font sentir. Dans les derniers lacets du col j’aperçois Yann juste en dessous et nous échangeons un petit coucou.
Au sommet de l’Izoard nous prenons nos ravitos et avant de repartir, nous prenons le temps de nous équiper car la descente s’annonce difficile (la pluie, le vent, le froid, bref des conditions hivernales se présentent à nous)
En réalité, cette descente n’a pas été difficile, elle a été terrible !!! Pendant 20 kms, alors que la vitesse atteint parfois 80 km/h, j’ai eu la sensation d’être un renard au milieu d’une battue. La pluie me fouettait le visage et les jambes comme des rafales de plomb. Ajoutez à cela une température proche de 0° et vous imaginez le tableau.
Je criais dans la descente pour me réchauffer mais malgré cela j’avais les jambes toutes bleues et j’imagine que mon nez devait être de la même couleur (pourtant, je vous jure que je n’étais pas en piste la veille avec Tivé). Dans ces conditions, tu oublies le chrono et tu fais attention de ne pas tomber.
La suite du parcours vélo sera ainsi, avec succession d’averses qui laisseront des traces irréversibles dans les jambes des concurrents.
Les conditions sont si extrêmes que de nombreux athlètes abandonnent en se réfugiant chez l’habitant pour se réchauffer. L’organisation doit alors faire face en affrétant des cars pour aller chercher les naufragés du jour – Un truc de fou !
Malgré le capharnaüm et grâce à notre pessimisme du départ qui nous a incité à partir bien couvert (nous avions consulté Mr météo), nous rallions le parc à vélo
Nos temps vélo : David : 7h 09 mn 14s
Yann : 7h 19 mn 52s
Micka : 7h 34 mn 35s
Antho : 8h 07 mn 25 s
A la seconde transition, je suis seul mais Yann n’est pas très loin derrière. Dès les 1er mètres de course à pied je suis surpris de constater que les jambes répondent bien et en passant devant Caro, je lui dis : « Je suis bien ».
Effectivement le 1er semi est avalé en 1h45mn.
Au cours de ce 1er semi, je suis rattrapé par la tête de la course. X.Le Floch vient de doubler Zamora et se dirige vers la plus prestigieuse des victoires de sa carrière.
Pour Zamora, c’est autre chose. Le malheureux est victime d’ennuis gastriques qui lui provoquent de fortes diarrhées et comme il ne s’arrête pas !!… je vous laisse imaginer la suite…. Glauque !
Zamora est tellement atteint qu’il ne réussi pas à me distancer (à mon grand désarroi car j’ai la sensation de courir derrière une tonne à lisier) d’ailleurs Baylis ne tarde pas à le rattraper pour lui chiper la seconde place.
Mon second semi sera plus difficile car les douleurs abdominales s’acharnent maintenant sur moi et m’obligent à mettre la pédale douce pour finir.
A environ 1500 m de la ligne d’arrivée, Yann me rattrape et en grand seigneur, il me dit : « Allez, accroche-toi on y va ensemble » Malheureusement je sens que si je fourni un dernier effort au dessus de mes capacités, je risque de le payer à l’arrivée. Je décide donc de passer la dernière petite bosse en marchant pour pouvoir profiter de l’arrivée avec mes enfants.
Quelques minutes plus tard, Briac et Enola se font une joie de couper la ligne d’arrivée avec moi et comme à chaque fois, un liquide bizard me coule dans les yeux.
Quoi, ce sont des larmes ? Pas possible, je suis pourtant un dur, cela ne devrait pas m’arriver.
Environ 45 minutes plus tard, Micka franchira à son tour la ligne d’arrivée.
Anthony de son côté était dans le dur à l’amorce du 2e semi - en passant devant le camping il songe à abandonner - Nicole est là, elle commence à l’accompagner pour le motiver. Et pour finir elle parcourt les 18 derniers kms avec lui pour l’aider à être lui aussi finisher – ENORME !!
Nos temps CAP : Yann : 4h 01 mn 48s
Micka : 4h 11 mn 19s
David : 4h 16 mn 04s
Antho: 5h 33 mn 20s
Je reviens maintenant au titre de mon message. De nombreux titres de films auraient pu servir de support à notre périple. En effet, j’aurais pu aussi retenir « Apocalypse now », « le jour le plus long » ou encore, « la chevauchée fantastique ». Mais après réflexion, il me semble que « la belle histoire » résume le mieux cette journée du 15 août 2008 ainsi que la semaine qui l’a précédée.
Au-delà des temps, des places etc…ce qui est mémorable, c’est qu’en 2008 il y avait 4 représentants du TC VAL au départ et que ces mêmes représentants étaient également à l’arrivée.
Avis aux amateurs pour l’édition 2009 :
Je pense à Rodolphe (pour la perf), à Mr le président (pour battre Rodolphe), à Francky (pour retrouver une montée d’adrénaline similaire à celles des courses de DN3 de la grande époque), à Dam (si ta cheville veut bien), au prophète Bassanovich (pour le fun), à Yoann (pour réaliser un rêve de gosse) et pourquoi pas à papy Serge (si tu arrives à quitter ta plage pendant 1 semaine au mois d’août).
Bref, un tir groupé du TC VAL avec la même ambiance que cette année….le rêve !
Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont pris de nos nouvelles, nos épouses qui ont assurées le jour de la course, mais qui nous ont aussi soutenues depuis des mois, nos enfants pour leurs encouragements.
Je voudrais aussi tirer un coup de chapeau à tous les bénévoles de l’organisation qui sont restés en poste pendant des heures et des heures sous la pluie et dans le froid.
Pour finir, Embrun 2008 en quelques chiffres :
25 : c’est le nombre d’édition de l’Embrunman à ce jour
1099 : c’est le nombre exacte de concurrents sur la ligne de départ.
852 : c’est le nombre de finisher
22 : c’est en degré la température de l’eau lors de la natation
5 : c’est le nombre de bouées à laisser sur notre gauche en natation, mais c’est aussi le nombre de bateaux qui assurent la sécurité des nageurs.
5000 : c’est en mètres le dénivelé du parcours vélo
188 : c’est en kms la distance du parcours vélo
14 : c’est le nombre de ravitos sur le parcours vélo
2 : c’est le nombre de tour de 21 kms à effectuer en CAP
6 : c’est le nombre de ravitos sur parcours de CAP
742, 743, 744, 745 : ce sont nos n° de dossard pour cette édition 2008
157, 168, 303, 630 : c’est le classement des 4 « TC Valiens »
Et enfin 1664 : c’est la référence de la bière que nous avons consommé toute la semaine

A bientôt pour de nouvelles aventures…
David Tencé.